Université en lutte

Accueil > Matériel et idées pour l’action > L’intersyndicale de l’université de caen soutient les (...)

Caen

L’intersyndicale de l’université de caen soutient les étudiants

mercredi 26 novembre 2003, par Marc - Université Paris 13

L’intersyndicale CGT, FSU, Sud-Solidaires de l’Université et de l’ENSI Caen soutient le mouvement des étudiants

Le mouvement étudiant manifeste une inquiétude et développe des analyses que l’intersyndicale partage concernant la cohérence des réformes dites de modernisation des universités et d’harmonisation européenne LMD. Jugeant les étudiants beaucoup mieux informés et beaucoup plus responsables dans l’organisation de leur mouvement que certaines réponses officielles ne le prétendent, elle rappelle les points sur lesquels elle rejoint leurs analyses.

Concernant la réforme LMD :

La procédure utilisée pour l’élaboration des maquettes comporte le risque certain qu’une licence acquise dans une université ait à la fois un programme et un volume horaire très différents de celle obtenue dans une autre université…ce qui est un comble pour une réforme qui vise à harmoniser les formations. Il y a le risque qu’entre les licences ayant une dénomination "classique" et celles ayant une dénomination dite "innovante" (dénomination cachant souvent les visées de lobbies locaux, universitaires ou professionnels) la mission scientifique et technique ne choisisse les dernières, soit parce qu’elles sont plus économes en moyens publics, soit parce qu’elles sont censées être "porteuses" et "concurrentielles" dans le grand "marché" de l’éducation et, dans tous les cas, en vertu de critères qu’elle seule connaît. On ne peut appeler "cadrage national" l’avis a posteriori d’un groupe d’experts qui aura le plus grand mal à retoquer le projet de "chers collègues". Ce risque sera encore multiplié concernant les masters. Les maquettes proposées dans le cadre de l’application du LMD ont été examinées par la mission scientifique et technique en fonction de critères qui n’ont pas été précisés avant élaboration des maquettes. Sous couvert de liberté totale, se constatent en bout de chaîne l’arbitraire et l’autoritarisme, puisqu’il y a opacité sur les critères d’habilitation. Il y a aussi danger de sélection à l’entrée du master puisque "pour être inscrit dans les formations conduisant au diplôme de master, les étudiants doivent justifier d’un diplôme national conférant le grade de licence dans un domaine compatible avec celui du diplôme national de master" (art.6). Or, avec la multiplicité des licences et masters, la notion de "domaine compatible" va entraîner tous les arbitraires possibles.

La voie est donc ouverte pour une compétition entre universités, alors même que beaucoup d’étudiants ont du mal à financer leurs études, même en restant dans leur région d’origine. Comment alors parler de mobilité quand déjà aujourd’hui, dans l’accueil des étudiants étrangers comme dans l’envoi d’étudiants français en Europe, les difficultés économiques dissuadent beaucoup d’entre eux de se déplacer (problèmes de logement en particulier) et les obligent à travailler sur des emplois précaires au cours de leurs études. Les universités, en particulier pluridisciplinaires, qui ne pourront, dans certaines matières, obtenir des moyens équivalents à d’autres universités plus spécialisées, verront certains de leur cursus fragilisés et à terme menacés de disparition par un jeu de regroupement entre régions.

Diplômes multiples sanctionnant un premier cycle, création de pôles d’excellence bien dotés au détriment d’universités pluridisciplinaires de région, mobilité réservée à ceux qui en ont les moyens, voilà quelques dangers du LMD, qui ne nous semble pas la réforme excellente qu’on nous vante.

En quoi le mécanisme des crédits européens (ECTS), déjà appliqué dans le cadre des textes actuels (arrêtés Bayrou) justifierait-il une réforme ? Pourquoi l’harmonisation européenne, approuvée par l’ensemble de la communauté universitaire, ne se ferait-elle pas dans le cadre existant ?

Concernant le projet de loi dit de modernisation ou d’autonomie des universités :

Le retrait définitif n’a pas été annoncé et la détermination de la CPU (Conférence des Présidents d’Universités) et du ministère laisse prévoir le retour de ce projet dans des circonstances jugées plus favorables.

La réalité de l’université, c’est aussi :

- Qu’un étudiant coûte moins cher qu’un élève de lycée,
- Que 30% des moyens du supérieur sont affectés à 3% des étudiants (prépas et grandes écoles),
- Que rien n’est actuellement mis en place, par exemple, pour faire face au déficit d’enseignants du secondaire, programmé par le départ en retraite des baby-boomers, alors que les systèmes de contrats pour financer les études des futurs professeurs ont fait leur preuve dans le passé (Ipes). Il y a là un besoin urgent de formation qui n’est pas anticipé, pour des échéances à très court terme.

Les étudiants sont méfiants ? Ont-ils tort de l’être lorsque la recherche, la culture, la transmission des savoirs, ne sont plus considérées que comme des dépenses improductives qu’il faut faire baisser, en hypothéquant gravement l’avenir ?

Etudiants, Enseignant-chercheurs et IATOSS, nous sommes tous concernés.

L’intersyndicale appelle l’ensemble des Personnels Enseignant-chercheurs et IATOSS à participer nombreux aux côtés des étudiants, dans le cadre de la journée d’action nationale du jeudi 27 novembre.

MANIFESTATION

JEUDI 27 NOVEMBRE

DEPART à 17 H. du PHENIX