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Proposition d’un appel d’universitaires pour le début de la semaine prochaine

dimanche 7 décembre 2003, par Marc - Université Paris 13

Suite à divers échanges, notamment ce mercredi à Jussieu à l’initiative du collectif indiscipline et de membres de la coordination RES il nous est apparu important de contribuer à desserrer l’étau actuel qui laisse entendre qu’il n’y a pas matière à débat et à préparer l’avenir en indiquant que nous sommes preneurs d’un débat sur l’avenir de l’Université, débat dans lequel nous entrons avec des exigences clairement formulées.

Le texte ci-dessous, sans doute imparfait et incomplet, est donc soumis à signature au plus vite. L’idée est de pouvoir le faire exister dès le début de la semaine prochaine, avec plus d’une centaine de signatures d’enseignants, enseignants chercheurs et Iatoss répartis un peu partout en France. Il n’a donc pas la prétention de pouvoir couvrir l’intégralité des préoccupations de chacun.

Il est donc demandé, à ceux qui en sont d’accord bien sûr, de faire parvenir au plus vite leur signature, et de le faire circuler dans leurs propres réseaux afin d’assurer une diversité des signataires, du point de vue des lieux, des statuts, des sensibilités, de leur appartenance ou non à des syndicats.

Ce sera aussi une façon d’apprécier, selon la quantité des retours, ce que nous sommes, ou non, capables de faire.

En comptant sur votre aide,
amitiés à tous

François Castaing

Nous, enseignants, enseignants chercheurs, ingénieurs administratifs et personnels de service, tenons à affirmer notre solidarité avec le mouvement étudiant.

En effet, la façon dont est en train de s’appliquer le LMD, avec dans son prolongement les mesures contenues dans le projet de loi dit de modernisation et les propositions du rapport Belloc, confirme que sans la manifestation de la critique étudiante les mutations essentielles qui vont bouleverser l’Université n’auraient jamais été mises en débat.

A ce titre, nous regrettons la façon dont une bonne partie de la communauté universitaire s’est « engouffrée » dans le LMD sans avoir été capable - ou sans avoir eu la volonté - d’exercer un point de vue critique à l’égard d’une réforme qui, en l’état, comme nous pouvons le constater dans son début d’application, va conduire à remettre en cause radicalement toute perspective de démocratisation de l’Université, tant dans sa dimension recherche que d’enseignement.

La fragmentation à l’extrême des parcours de formation sous couvert de modularité, la définition de domaines de formation sans définition rigoureuse d’un point de vue scientifique et relâchant le lien avec des disciplines scientifiquement reconnues, l’absence de toute définition commune du contenu des diplômes, le décrochage important de la recherche d’avec une partie importante de l’activité de l’Université, le tout dans le contexte d’une pénurie financière extrêmement discriminante, non seulement va développer une véritable marchandisation de « l’offre de formation » mais va aussi enclencher une grave remise en cause des garanties statutaires de tous les personnels.

La grande majorité des étudiants et des personnels ont beaucoup à perdre dans cette « mise en concurrence » généralisée. Contrairement à une illusion sciemment entretenue, seule une petite fraction des formations actuelles seront « labellisées » et un nombre limité d’étudiants pourront s’y inscrire.

S’intéresser à l’Université française exige une démarche critique, rigoureuse et sans complaisance. Mais elle a aussi besoin que l’on affiche ce que sont les exigences politiques qu’on lui adresse. Pour ce qui nous concerne, nous nous inscrivons dans ce débat nécessaire en affichant notre volonté d’une véritable démocratisation, qui réduise de façon drastique l’échec à l’Université, qui permette de renouer dans les formations et dans les pratiques le lien entre l’enseignement et la recherche, et ce pour tous les étudiants. A ce titre, il nous apparaît urgent de prendre le temps d’un moratoire dans l’application du LMD, afin de vérifier et de construire notamment la possibilité d’une définition commune du contenu des diplômes à l’échelle européenne, sur la base d’une égalité de traitement de tous les étudiants. Nous ne pouvons à la fois prétendre que cette réforme est fondamentale et considérer que nous sommes à quelques mois près, d’autant que nombre de défenseurs du LMD reconnaissent que non seulement le caractère national des diplômes n’est pas garanti mais que l’asphyxie financière actuelle va accélérer des dérives inquiétantes.

Il est donc, à notre sens, urgent de prendre les engagements qui s’imposent pour une Université démocratique, ayant les moyens de son existence à travers un financement public suffisant de la recherche, de l’activité d’enseignement, de ses moyens de fonctionnement et d’une aide sociale étudiante à la hauteur.

Parce qu’une autre Université et possible, il nous faut les moyens d’une réflexion collective de la communauté universitaire pour engager les transformations nécessaires qui ne peuvent être fondées sur une marchandisation des savoirs.