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Amiens

CR AG à l’initiative du Collectif amiénois pour un débat démocratique à l’université

samedi 8 novembre 2003, par Marc - Université Paris 13

Compte rendu de la première réunion du Collectif amiénois pour un débat démocratique à l’université.

Transmis par Frédéric Lebaron

AG à l’initiative du Collectif amiénois pour un débat démocratique à l’université

Mardi 4 novembre 2003

Les membres du collectif commencent par exposer les motivations de cette AG.

1/ Le collectif

Nous sommes des enseignants-chercheurs de plusieurs disciplines regroupés autour de l’idée qu’il faut engager une réflexion sur les profondes transformations en cours à l’université.

Les réformes en cours et celles annoncées sont les plus importantes depuis 68 et rien ne justifie que nous ne soyons pas au cœur de l’élaboration intellectuelle de ces réformes.

Ce qui nous regroupe aussi, c’est le refus de n’être que des techniciens maquettistes contraints d’agir dans l’urgence et la désorganisation.

L’objectif est donc de susciter un débat et une mobilisation et, ce, indépendamment du calendrier technocratique.

Notre but est donc de renverser la perspective et de mettre au centre de nos préoccupations non pas LA NECESSAIRE REFORME et la meilleure façon de la mettre en œuvre, mais la NECESSAIRE REFLEXION SUR LA REFORME et la meilleure façon de construire de manière autonome un projet pour l’université.

2/ Le premier enjeu que nous voulons discuter concerne le LMD, même si ce n’est pas le seul point qui suscite nos inquiétudes :

- concurrence entre filière et entre les acteurs de la vie universitaire

- restriction budgétaire drastique au détriment de certaines disciplines, diplômes, filières : la restructuration en cours n’annonce-t-elle pas un véritable " plan social " ?

- mise en concurrence des universités qui entraîne la suppression des diplômes nationaux. Elle se fait au profit d’un mouvement de régionalisation qui va soumettre un peu plus l’université aux pouvoirs économique et politique locaux.

- dévaluation des disciplines et de la recherche scientifique

- absence de débat démocratique et transmission partielle et largement insuffisante de l’information.

- absence de réflexion sur les conséquences de la dislocation des disciplines sur la formation des étudiants et sur la place des savoirs à l’université (pas de réflexion sur les effets pédagogiques de l’individualisation des parcours).

3/ Mais cette reforme en cours ne doit pas faire oublier que d’autres l’accompagnent et/ou se préparent sans qu’aucun débat ne soit engagé :

- la suppression de la session de septembre et le commencement de l’année universitaire dès le mois de septembre ;

- l’évaluation technocratique et pseudo-rationnelle des enseignements ;

- la fin du statut actuel des enseignants-chercheurs. Si l’on se réfère au rapport Belloc rendu au Ministre fin octobre 2003, le service statutaire de 192 UC ne sera plus la mesure de nos obligations. Celles-ci s’accroîtront sans aucune contrepartie et vraisemblablement au détriment des activités de recherche. Les inégalités entre enseignants-chercheurs et l’éclatement de nos statuts ne pourront que s’accroître ;

- la loi de " modernisation de l’université " qui suppose, entre autres, " l’autonomie " financière et managériale des universités, notamment à travers la globalisation des budgets. Elle entraînera la modification des rapports de pouvoir à l’université, notamment concernant le mode de nomination du président et l’élargissement considérable de ses pouvoirs sur les personnels et sur les contenus pédagogiques et scientifiques.

4/ Ces différentes " réformes " impliquent une transformation profonde

et pas seulement quelques ajustements à la marge. Nous sommes actuellement complètement dépossédés du droit à penser cette véritable " révolution " de notre métier.

Cette " restructuration ", comme dans d’autres domaines, implique l’entrée en force des principes de la rentabilité marchande dans le secteur de l’enseignement supérieur : le savoir n’est pas une marchandise !

Pour toutes ces raisons nous proposons plusieurs axes de mobilisations :

1/ L’élaboration d’une charte qui pose (le débat est ouvert) les principes essentiels de l’université.

2/ La revendication d’un moratoire dont nous devons discuter des modalités.

3/ L’organisation d’assises précédées de groupes de travail sur les différentes questions que nous venons de souligner.

Cette mobilisation nous semble essentielle pour reprendre l’initiative et mobiliser.

En tant que travailleurs intellectuels et afin de préserver ce qu’il nous reste d’autonomie de pensée et d’action nous devons opposer à l’urgence technocratique la légitimité de la recherche et de l’analyse critique.

4/ Nous pouvons imaginer d’autres modes d’action avec des temps forts : présence en nombre à l’occasion des CA, rendre visible nos actions au niveau national, construire des alliances avec d’autres collectifs, etc.

Un débat s’est engagé sur les modalités de la "mise au travail" des enseignants-chercheurs pour la conception des nouvelles maquettes dans les différentes facultés ou composantes représentées (Philo Sciences humaines et sociales, Sciences, Math-info, Pharmacie, Economie, Lettres, Langues, Histoire, informatique, DEP. Il faut également souligner la présence d’élus dans les différents conseils) : il en ressort que nous sommes tous dans une situation identique. Nous sommes "pressés" de mettre en œuvre une réforme sur laquelle nous n’avons que très peu d’informations, informations d’ailleurs souvent contradictoires, démenties quelques heures plus tard et obtenues au détour d’un couloir.

Est dénoncée par tous l’absence totale de débat démocratique et l’urgence évoquée par ceux qui veulent nous faire appliquer la réforme sans aucune concertation sur ses finalités et ses conséquences.

Cette situation est insoutenable et provoque (et/ou réactive) conflits et divisions au sein du corps des enseignants-chercheurs. Ces conflits expliquent également notre difficulté à nous allier afin de proposer des alternatives crédibles à cette réforme imposée sans débat.

De plus, est souligné le peu de considération, voire le mépris avec lequel les instances " dirigeantes " (présidence et doyens…) traitent leurs collègues.

Est dénoncé également leur mode de gestion et d’organisation complètement déficient (à moins que ce soit une stratégie ?).

Des membres du personnel technique et ouvrier de l’UPJV seront prochainement contactés.

Est acceptée la nécessité de mener des actions efficaces et de faire l’analyse de la situation présente (et notamment de l’abus de pouvoir que nous constatons) en organisant des groupes d’action et de réflexion qui travailleraient tous les mardi (12h30, bâtE, campus, salle E110).

L’objectif de ces groupes de travail est double :

- proposer des actions ponctuelles, ciblées et visibles ;

- élaborer une analyse critique des réformes en cours et à venir. Cette analyse pourrait déboucher sur un " livre noir " de l’université de Picardie Jules Verne présenté au cours d’assises de l’université.

Décisions :

1/ la participation des enseignants-chercheurs à l’AG des étudiants tenue à l’initiative du " collectif étudiant contre les réformes Ferry ", qui se tient jeudi 6 novembre Amphi R5 à 12h30.

2/ l’AG du collectif des enseignants-chercheurs se réunira tous les mardis à 12h30 (bâtE, campus, salle E110). EXCEPTIONNELLEMENT, LA PROCHAINE REUNION SE TIENDRA MERCREDI 12 NOVEMBRE (même heure, même salle).

3/ La présence en nombre des enseignants-chercheurs lors du CA du vendredi 14 novembre à 14h (à la présidence, campus) pour demander un moratoire sur les réformes en cours.

Mèl personnel de l’université : ag@listes.u-picardie.fr

Site info : http://www.u-picardie.fr/ferment/elulu