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Quid des étudiants grévistes ?

lettre de Brest

mardi 17 juin 2003, par Roxana Eminescu

Bonjour à tous !

C’est de la Faculté des lettres et sciences sociales Victor Ségalen, de l’Université de Bretagne Occidentale, UBO, (Brest-Quimper-Morlaix) que je vous parle.

Nos étudiants sont entrés en grève le 13 mai dernier pour combattre les projets Fillon-Raffarin-Ferry. Ils étaient 300 à la première AG et plus de 1000 quelques jours plus tard pour voter, à la petite majorité, le report des examens. Ils ont occupé la Fac, l’ont baptisée "Fac ouverte 24h sur 24", ont organisé des débats et des ateliers, ont manifesté dans la plus grande responsabilité et sans débordements.

Le Président même de l’Université avait déclaré le 27 mai "Journée Université Morte" en soulignant, dans son communiqué que des "universités comme la nôtre [sont] directement menacées dans leur existence même" par les projets de réforme.

Nous étions en pleine session d’examen. Le report n’a été accepté que pour trois des journées d’épreuves. Les étudiants grévistes ont alors décidé de se présenter aux épreuves, d’émarger et d’écrire sur leur copie blanche "gréviste". Ils se sont aussi présentés aux épreuves orales et ont refusé de les passer en étant présents.

Maintenant, la direction del’UFR demande aux enseignants de noter "zéro" les épreuves des étudiants grévistes. Certains d’entre nous se refusent de le faire.

Réunis dans un collectif d’action et de vigilance citoyenne, nous demandons à nos collègues de signer le texte suivant :

Les membres du Collectif d’action et de vigilance citoyenne de la Faculté Ségalen

1. Soulignent que le report de la loi Ferry est un bénéfice de la grève, notamment de la grève des étudiants ;

2. exigent que les étudiants grévistes ne soient pas pénalisés pour fait de grève ;

3. demandent que des rattrapages soient organisés pour tous les étudiants qui se sont déclarés grévistes lors des épreuves des examens de mai et de juin 2003. Les modalités de rattrapage seront décidées et mises en œuvre par les départements.

4. En attendant que cette mesure, qui préserve les intérêts des étudiants grévistes, soit adoptée, les enseignants et enseignants-chercheurs du collectif ne rendront pas les notes, ni les copies des examens dont ils sont responsables.

Texte soumis à l’approbation des membres du collectif d’ici lundi 16 juin, 16 heures.
Ce texte sera transmis, à ce même horaire, à Monsieur le Doyen pour décision en Conseil restreint et transmis ultérieurement au Conseil de la Faculté.

Nous sommes seulement huit à l’avoir signé. Et il y a peu d’espoir que nous soyons plus nombreux d’ici demain.

Alors que nous pensons que sans une reconnaissance claire, officielle, du combat de nos étudiants, aucune poursuite des mouvements à la rentrée ne sera possible. Il s’agit aussi des étudiants non grévistes, qui vont se voir confortés dans leur décision de ne rien faire.

Les syndicats nous ont trahis. Les médias nous ont muselés. Et nous agissons chacun dans notre coin.
Serait-il trop tard pour que tous ceux qui ont les mêmes problèmes en ce moment (étudiants grévistes et session d’examens) - et je sais qu’il y en à Grenoble, Montpellier, Nice - nous nous tenions au courant de la marche des événements, nous adoptions de positions communes, nous essayions de briser le mur de silence des médias ?

Roxana Eminescu
MCF, HDR qualifiée