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Université de Lille 3

Lille 3 : motion CA - Retraites, Autonomie, LMD

vendredi 23 mai 2003, par Marc - Université Paris 13

Le Conseil d’administration de l’université de Lille 3, réuni ce jour en session extraordinaire, dénonce les atteintes au service public de l’éducation nationale que renferment les projets gouvernementaux à l’ordre du jour :
- sur les retraites : l’allongement des durées de cotisation mettrait un grand nombre de personnels ayant fait des études longues dans l’impossibilité de prétendre à un taux plein et n’aboutirait qu’à une diminution de l’engagement de l’état dans la rémunération de ses personnels. Il renforcerait dramatiquement l’inégalité déjà criante entre les hommes et les femmes, peu nombreuses à bénéficier d’une retraite à taux plein ; il reculerait l’accès à l’emploi des étudiants envisageant les carrières de l’enseignement ;

- sur la décentralisation : le désengagement de l’état dans la gestion des personnels non enseignants compromettrait la cohérence et compliquerait la mise en œuvre des projets pédagogiques qui supposent une collaboration étroite entre toutes les catégories de personnels. Pour l’université, c’est la mission essentielle d’orientation qui serait menacée, alors même que la définition d’un projet professionnel est pour les étudiants un facteur clé de réussite ;

- sur la Réforme Licence/Master/Doctorat : notre université ne peut plus continuer à travailler à sa mise en œuvre, dans la mesure où la définition de référentiels nationaux pour les diplômes, qui faisait pourtant partie du projet initial, est à présent rejetée par le ministère. Or en l’absence de tels référentiels, c’est le caractère national des diplômes délivrés par les universités qui serait compromis, avec pour conséquence une hétérogénéité des cursus d’une université à une autre, et un parcours d’obstacles pour les étudiants désirant se réorienter ou changer d’établissement ;

- sur l’autonomie des universités : le projet de loi sur « l’autonomie des établissements d’Enseignement Supérieur », sur lequel le calendrier imposé par le gouvernement interdit toute concertation sérieuse, mettrait le service public d’enseignement supérieur et de recherche dans l’impossibilité d’accomplir les missions qui doivent être les siennes.

Ce projet conduirait à la mise en concurrence généralisée des établissements, avec tous les risques d’inégalités entre établissements et entre régions.

Les « Conseils d’Orientation Stratégique » iraient à l’encontre des exigences démocratiques du fonctionnement des établissements, et placeraient sous tutelle les conseils des établissements composés d’élus des personnels et des étudiants.

Les « Etablissements Publics de Coopération Universitaire » ayant statut de personne morale de droit public fonctionneraient comme des collectivités éloignées des usagers et des personnels et permettraient, grâce à un pilotage autoritaire du Ministère, de restructurer complètement la carte universitaire, en regroupant les universités de moins de 15 000 étudiants ou en les faisant disparaître en tant qu’universités de plein exercice.

La globalisation du budget des universités permettrait un libre usage par les équipes de direction de la dotation budgétaire, y compris pour la gestion des emplois, ce qui ferait peser un risque considérable sur le statut et l’avenir des personnels..

Le Conseil d’Administration demande solennellement le retrait de ce projet et l’ouverture de véritables négociations incluant une concertation de toute la communauté universitaire afin de garantir le caractère de Service Public pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche.

Afin de sensibiliser la communauté universitaire et l’opinion publique sur les dangers qui pèsent aujourd’hui sur le service public d’enseignement universitaire et de recherche, le Conseil d’Administration appelle l’ensemble de ses membres, et au delà, l’ensemble de la communauté universitaire, à se rassembler devant le Rectorat, le mercredi 28 mai.

Il charge le Président d’exposer à M. le Recteur d’académie de Lille les protestations énoncées plus haut et de prendre tous les contacts nécessaires pour que cette démarche puisse se faire en commun avec les autres Présidents d’université de la région.

Le lundi 2 juin, les activités de l’université seront suspendues, dans le cadre d’une journée « université morte ».

Le Conseil d’administration appelle toutes les universités de l’académie à se joindre à ces actions, afin de sensibiliser l’ensemble de la population de la Région Nord Pas de Calais, où le besoin, à tous les degrés de la formation, d’un service public d’éducation nationale fort est criant.