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Japon

Aujourd’hui au Japon, demain en France...

lundi 1er décembre 2003, par Marc - Université Paris 13

Le Japon réforme ses universités pour stimuler la recherche

28/11/2003 - 04:59

TOKYO, 27 nov (AFP) -

Les universités publiques japonaises, aux structures héritées de l’ère Meiji à la fin du 19ème siècle, sont aujourd’hui en pleine mutation. Un chantier colossal qui doit voir le jour en avril prochain à l’initiative du gouvernement. Et qui conditionne en partie l’avenir de la recherche dans l’Archipel.

Adopté l’été dernier à la quasi-unanimité des parlementaires, le projet de loi de réforme structurelle des universités nationales est le résultat d’une prise de conscience collective née au Japon de la crise économique des années 90 : pour retrouver une croissance durable, le pays doit stimuler la créativité de ses chercheurs —pour la plupart issus du milieu universitaire— et investir massivement dans les secteurs d’avenir comme la recherche médicale ou les biotechnologies. Cette année, les efforts de recherche et développement au Japon s’élèvent à 3,18% de son PIB, contre 2,12% en France et 2,79% aux Etats-Unis.

"C’est la réforme universitaire la plus importante depuis plus de cent ans au Japon", s’enthousiasme Masayuki Inoue, un des directeurs du département Sciences et Technologies du MEXT (ministère créé en janvier 2001 de la fusion entre le ministère de l’Education et l’Agence pour la Science et la Technologie).

"Restructurées et davantage tournées vers des partenariats avec le secteur privé, les universités nationales doivent jouer un rôle moteur dans le domaine de la recherche", assure le haut fonctionnaire.

Pilotée par le MEXT, la réforme de l’enseignement supérieur japonais vise d’abord à encourager les regroupements d’universités afin de renforcer leur position à l’échelle mondiale, en appliquant le principe des évaluations concurrentielles par des organismes tiers.

Douze universités publiques (sur 99) de taille nationale ont déjà fusionné depuis octobre 2002, et le mouvement devrait s’étendre aux 525 établissements privés et 76 locaux que compte le pays.

La réforme entend également doter les universités d’Etat d’un statut privé de "corporation" avec une autonomie de gestion élargie, qui induit "une liberté d’allocation des budgets, une responsabilisation accrue des dirigeants mais aussi l’ouverture à des personnels extérieurs", selon M. Inoue.

Le 1er avril 2004, les professeurs des universités publiques perdront ainsi leur statut de fonctionnaire et, selon l’esprit de la réforme, devraient être plus disponibles pour participer à des travaux communs au sein de laboratoires privés, qui couvrent aujourd’hui près de 80% des efforts de recherche dans l’Archipel, contre 54% en France.

Pour stimuler la créativité de ses chercheurs, le gouvernement japonais compte multiplier les fonds de recherche sur appel d’offres. Depuis l’an dernier, des centres d’excellence (COE) répondent par exemple au souci du MEXT de favoriser l’émulation entre projets de recherche présentés et d’assurer leur évaluation ultérieure.

Enfin, les laboratoires de l’Archipel devraient s’ouvrir plus largement aux étudiants étrangers tandis que l’accroissement des coopérations scientifiques internationales a poussé le Japon ces dernières années à envoyer ses jeunes chercheurs dans des laboratoires étrangers de haute renommée aux Etats-Unis et en Europe.

"Autonomie de gestion, instauration du principe de concurrence, souci d’évaluation des projets de recherche, contrôle des finances publiques, diminution du nombre de fonctionnaires et promotion des liens université-industrie : le Japon se crée un environnement encore plus favorable à l’innovation et à la créativité", résume Michel Israël, conseiller scientifique à l’ambassade de France au Japon.