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LMD à Amiens

Réforme ou contre-réforme néo-libérale ?

Quelques réflexions sur le LMD à partir de l’expérience amiénoise

dimanche 12 octobre 2003, par Marc - Université Paris 13

Un texte de Frédéric Lebaron de l’Université d’Amiens daté du 18/09/2003.

Depuis la publication des arrêtés relatifs aux nouveaux diplômes universitaires (25 avril
2002), la « communauté universitaire » amiénoise est entraînée dans un véritable tourbillon
réformateur, une sorte de « Grande Révolution Culturelle » qui est souvent résumée, ici
comme ailleurs, de manière un peu rapide [1], par les initiales LMD : Licence-Master-Doctorat.
La façade est grandiose : le LMD va créer un système de certification unifié en Europe (avec
les ECTS) et permettre ainsi la mobilité internationale des étudiants. La réalité l’est moins…

Pour des raisons liées en premier lieu au calendrier des plans quadriennaux, l’UPJV fait partie
de la « vague B » de mise en oeuvre de la réforme, qui doit être réalisée en septembre 2004.
Le choix initial de faire partie des « bons élèves » supposait l’intense mobilisation de la
communauté universitaire afin de proposer une « offre pédagogique » susceptible d’être
« habilitée » durant l’année universitaire 2003-2004. Autant dire que le leitmotiv de la
réforme est la contrainte des délais : il faut faire vite [2].

Le tourbillon réformateur suscite l’hyperactivité plus ou moins contrainte de nombreux
enseignants-chercheurs, notamment ceux qui exercent des responsabilités administratives
locales (président, vice-président, doyens, directeurs de département, membres des conseils,
etc.) (§1) . Il modifie déjà les relations entre collègues et entre disciplines (§2). Il est à
l’origine de nombreuses discussions à tous les niveaux et aussi, de plus en plus, d’une énorme
frustration et de sentiments qui oscillent entre la résignation et la colère, qui a commencé à
s’exprimer en mai-juin 2003 et s’exprime ponctuellement à l’occasion de réunions de conseils
(§3). On peut proposer une interprétation de cette frénésie réformatrice. Par le contexte dans
lequel elle s’insère, il s’agit d’une nouvelle avancée de réformes néo-libérales qui, sans
toujours dire leur nom, affectent l’Université française depuis les années 1980 et ont pour but
de l’adapter rapidement aux « données » de la mondialisation néo-libérale. Cette réforme est
une « auto-réforme néo-libérale » (§4). En conclusion, on proposera une série d’initiatives.


Lire la suite dans le document joint.


[1La mise en place des nouveaux diplômes cache une réforme de grande ampleur : suppression du cadre national
des diplômes et création d’une offre pédagogique locale ; regroupements disciplinaires ; professionnalisation des
cursus ; autonomie accrue des présidents d’université, etc.

[2On retrouve peut-être ici, de façon implicite bien sûr, le thème -cher à certains économistes- de la « thérapie de
choc » : pour mettre en oeuvre une réforme qui a toutes chances de susciter de nombreuses résistances, il faut
aller vite et laisser entendre que l’on ne peut pas rater le train au risque de courir à la catastrophe. On essaiera plus loin de décrire quelques uns des mécanismes sociaux qui renforcent cette obsession du temps très particulière qui a saisi une partie de la communauté universitaire.